Emission spéciale sur le numérique en Afrique (2è partie) – DW – 30/09/2024
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Le monde numérique

Emission spéciale sur le numérique en Afrique (2è partie)

30 septembre 2024

Le numérique et ses potentiels pour l'administration, le e-commerce, le e-learning... et les défis en matière de législation et d'infrastructures en Afrique.

https://p.dw.com/p/4l7b5

Dans cette deuxième émission spéciale de la Deutsche Welle consacrée à la numérisation en Afrique, nous discutons du boom du numérique, de la numérisation de l’état civil au Bénin, de e-learning au Cameroun, de e-commerce, mais aussi des disparités entre les Etats pour l’accès aux câbles sous-marins et de la sécurisation des données, avec des reportages et un invité : Moussa Blimpo, enseignant-chercheur d’origine togolaise qui travaille à Toronto au Canada.  

Infrastructures et accès à internet

Quand on dit que l’Afrique est un continent en plein boom sur le numérique, il faut bien comprendre qu’il est question de plusieurs choses. D’abord d’infrastructures qui permettent l’accès à internet de plus en plus de personnes en Afrique. Mais aussi du boom démographique qui rend le marché africain attrayant pour les entreprises du net.

Un état-civil numérisé au Bénin

Le Bénin, qui fait office de modèle en la matière : Plus de 250 services administratifs sont désormais accessibles en ligne aux citoyens, tous regroupés sur une même plateforme dite d’interopérabilité de services publics.

Ces services couvrent une multitude de secteurs qui vont du foncier aux transports, en passant par le commerce, les opérations portuaires, l’immigration et l’émigration, les finances…

Rodrigue Guézodjè explique la numérisation de l'état civil au Bénin

L’éducation, aussi, mais également la fiscalité, la justice, l’agriculture…. Bref de très nombreux secteurs. Dont un particulièrement important dans la vie des gens : la dématérialisation de l'état civil.

Ecoutez ci-contre les explications de Rodrigue Guézodjè, notre correspondant à Cotonou

Paiement numérique et commerce en ligne

Le marché du commerce en ligne, qui désigne donc l'achat et la vente de biens et de services sur internet, était estimé à 28 milliards de dollars en 2022 en Afrique. Son volume devrait atteindre plus de 46 milliards de dollars d'ici à 2025.

A titre de comparaison, le marché américain du commerce en ligne était évalué à plus de 870 milliards de dollars en 2021, tandis que la Chine, premier marché mondial du e-commerce électronique, dépassait déjà les 2 000 milliards de dollars il y a trois ans.

Quelques Nigérians témoignent ici des produits ou des services achetés en ligne et qui ne correspondent pas toujours à leurs attentes.

Un homme déclare ainsi : "Ce qui compte pour moi, c’est la crédibilité de ceux qui commercialisent ces produits, en termes de prix, de livraisons. Des fois, ils te vendent un truc mais quand la commande arrive, cela ne correspond pas à ce que tu voulais acheter."

"Ce que tu vois sur le site, ce n’est pas toujours ce que tu reçois. Et des fois, il y a des problèmes de livraison… et tu ne sais même pas où est localisé le vendeur, abonde une acheteuse en ligne.

Micro-trottoir sur le e-commerce à Nairobi

Une autre cliente de e-commerce au Nigeria souligne un autre problème : le service-client :  "Des fois, il y a des vendeurs, tout ce qu’ils veulent, c’est leur argent. Ils se moquent de ce que pense le client, c’est impossible de les joindre quand on a une réclamation."

L’exemple de la plateforme Jumia

Jumia est une plateforme de commerce électronique africaine. Elle a été fondée en 2012 et on la surnomme souvent l'Amazon de l'Afrique.

Cette entreprise propose des biens et des services de toutes sortes. L'entreprise est présente dans onze pays africains, notamment au Nigeria, en Egypte, au Kenya et en Afrique du Sud.

Le Nigeria, par exemple, comptait en novembre 2022 environ 84 millions d’utilisateurs d’internet (parfois en 3G). Le taux de pénétration d’internet au sein de la population nigériane a beaucoup œuvré au succès commercial des entreprises comme Jumia.

Voici ce qu’en dit Vinod Goel, le responsable de Jumia pour l’Afrique de l’est, au micro de notre confrère Eddy Micah Jr. :

"Les principaux défis sont les mêmes qu’ailleurs : le taux de pénétration d’internet et des smartphones, la connexion des gens chez eux. Tout le monde n’a pas internet à la maison, mais c’est en progression. On atteint près de 50% de la population en Afrique de l’est.

Au Nigeria, on doit en être à 40%. Deuxième défi : les habitants des zones rurales. Parce que c’est difficile d’atteindre des gens qui vivent dans de tout petits villages. Mais, en fait, c’est presque plus difficile pour les services analogiques de les atteindre que pour le numérique.

 Prenez une petite ville de 100.000 habitants, au Nigeria ou au Kenya, c’est vraiment difficile, en boutique ou dans des supermarchés, de proposer des produits variés à ses habitants, de les exposer.

Dans un sens, c’est plus facile pour nous puisqu’il nous suffit de les prendre en photo.

Dorénavant, nous ne considérons plus les populations rurales comme un obstacle au e-commerce, au contraire. D’ailleurs, notre croissance est plus forte actuellement dans les campagnes que dans les grandes villes."

Carole Assignon revient sur les utilisations du numérique dans le domaine de la santé

Au Kenya et en Ouganda, notamment, il existe depuis longtemps des possibilités de payer avec son téléphone mobile - possibilités qui se sont répandus aussi dans des pays d'Afrique francophone - , avant même que ce principe ne soit vraiment développé en Allemagne, par exemple.

Les difficultés pratiques et défis logistiques

Le potentiel de développement du e-commerce en Afrique, c’est aussi une question d’échelle. Il peut être rentable pour les entreprises à partir d’un certain volume de transactions. Parce que le e-commerce aussi suppose des infrastructures : il faut d’abord informer les clients sur internet, c’est du transport d’informations.

Ensuite, si un utilisateur commande un téléviseur, par exemple, eh bien il faut lui livrer l’appareil, peu importe où il habite. C’est le transport de produits physiques.

Et pour finir, il faut que le paiement soit possible, c’est-à-dire qu’il puisse transiter sans mal du client à l’entreprise. Même virtuel, cela reste du transport d’argent. Or, sur le continent, le taux de bancarisation est très différent, d’une région à l’autre. De même, les données internet continuent d’être chères… et l’argent liquide est toujours roi en Afrique francophone.

Ce mode d’achats s’est popularisé au Nigeria, par exemple, durant et suite à la pandémie de Covid-19, comme l’explique le correspondant du service AfrikaLink de la DW à Lagos, Olisa Chukwumah :

"Avec les confinements, les gens ont réalisé qu’ils pouvaient aussi faire leurs achats sur internet. Il y a la plateforme Jumia, mais il y en a d’autres. On peut aussi acheter sur Instagram, Facebook ou Twitter.

Mais des fois, les gens ne sont pas satisfaits de ce qu’ils reçoivent, qui ne correspond pas à leur commande : ce n’était pas la qualité escomptée, pas la bonne taille pour les vêtements.

Pour les accessoires, des fois ce n’était pas la bonne couleur qui était livrée… mais si votre service n’est pas bon, les gens vont vous pourrir dans les commentaires en ligne, ils vont vous submerger avec des témoignages négatifs, ils vont porter plainte.

C’est un défi de logistique et de qualité. Et pour les clients, ce qui compte, c’est de recevoir un produit qui correspond à leurs attentes."

Reportage d'Elisabeth Asen sur le e-learning au Cameroun

Le e-learning ou enseignement en ligne

Au Cameroun, le e-learning, ou enseignement en ligne, connaît une forte croissance. Le nombre d'utilisateurs de plateformes d'e-learning a augmenté de plus de 30 % ces dernières années, dans le pays.

Dans le village de Passim, localité située dans le département du Moungo, région du littoral, un homme, Ngothy Eboua a mis sur pied il y a une vingtaine d'années, le “village e-learning.”

C’est une école d'apprentissage en ligne. Au moment où les Nations unies prônent l'éducation pour tous, ce passionné du numérique a su révolutionner ce mode d'enseignement au Cameroun.

Ecoutez ci-contre le reportage sur place d’Elisabeth Asen, notre correspondante au Cameroun

"Ne pas confondre outil du développement et développement"

Les difficultés évoquées par Elisabeth Asen dans son reportage sont largement partagées sur le continent africain. Nous les avons discutées avec Ndiaye Dia, un spécialiste de Tech et de l'intelligence artificielle qui connaît bien le sujet. Vous pouvez retrouver cet entretien dans le premier volet de nos émissions consacrées au numérique.

L’entretien avec Moussa Blimpo

Pour terminer cette émission, un invité. Nous accueillons Moussa Blimpo, enseignant-chercheur à l’Université de Toronto, au Canada, et spécialiste du numérique.

Vous pouvez écouter cette interview ci-contre.